dimanche 3 novembre 2013

Que l’on me donne quelques saisons




Que l’on me donne encore quelques saisons,
 Ces frimas, ces jours bleus allant le long du vent,
Ce regard ému vers ce petit garçon
Qui courait dans les sillons où se perd le temps.

Sentir, quand descend le soir, aux fenaisons,
Le renouveau des choses,  l’éclat de tes yeux,
Tendre mes bras invisibles comme un pardon,
Celui de t’aimer dans l’ombre de nous deux.

Que l’on me laisse l’étrange sentiment,
Quand vient cet horizon, au seuil d’un berceau,
Celui d’être un père sans l’être vraiment,
 vieillir en l’enfant, chaque jour, d’un jour nouveau.

Voir toujours, dans le regard d’une mère,
Quand les heures s’attardent en nos instants,
La vibrante image de  ta chair,
Tes sourires où se perdent les tourments. 

Que l’on me donne la force d’étreindre
Cette aube fragile, toujours plus lointaine,
Prolonger l’éclaircie, sans jamais éteindre
La lumière, entre nous, en nos veines.

Te lire en songe, sans tourner la page,
Entendre en moi, ta voix, au vent des matins,
Voir sur ton front la lueur de l’âge
Sans jamais craindre d’insupportables chagrins.  

Puis au détour des chemins de mon automne,
Partir doucement, sans  tes larmes d’enfant,
 Là-bas, vers ce pays,  que tu me pardonnes,   
 Et voir paraître un-peu de tes cheveux blancs.


A mon fils



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